• LA PLUS ETRANGE DES CREATURES

    BARRES DE SEPARATION

    CREATURES

    Comme le scorpion, mon frère,
    Tu es comme le scorpion
    Dans une nuit d’épouvante.
    Comme le moineau, mon frère,
    Tu es comme le moineau.
    dans ses menues inquiétudes.
    Comme la moule, mon frère,
    tu es comme la moule
    enfermée et tranquille.
    Tu es terrifiant, mon frère,
    comme la bouche d’un volcan éteint.
    Et tu n’es pas un, hélas,
    tu n’es pas cinq,
    tu es des millions.
    Tu es comme le mouton, mon frère,
    quand le bourreau habillé de ta peau
    quand l’équarrisseur lève son bâton
    tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
    et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
    Tu es la plus étrange des créatures, en somme,
    Plus drôle que le poisson
    qui vit dans la mer sans savoir la mer.
    Et s’il y a tant de misère sur terre
    c’est grâce à toi, mon frère,
    Si nous sommes affamés, épuisés,
    Si nous somme écorchés jusqu’au sang,
    Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
    Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non,
    Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.

    CREATURES


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