-
Les étoiles, points
d'or, percent les branches noires ;Le flot huileux et
lourd décompose ses moiresSur l'océan blêmi ;
Les nuages ont l'air
d'oiseaux prenant la fuite ;Par moments le vent
parle, et dit des mots sans suite,Comme un homme endormi.
Tout s'en va. La nature
est l'urne mal fermée.La tempête est écume et
la flamme est fumée.Rien n'est, hors du
moment,L'homme n'a rien qu'il
prenne, et qu'il tienne, et qu'il garde.Il tombe heure par
heure, et, ruine, il regardeLe monde, écroulement.
L'astre est-il le point
fixe en ce mouvant problème ?Ce ciel que nous voyons
fut-il toujours le même ?Le sera-t-il toujours ?
L'homme a-t-il sur son
front des clartés éternelles ?Et verra-t-il toujours
les mêmes sentinellesMonter aux mêmes tours
?
votre commentaire -
Homme libre, toujours,
tu chériras la mer !La mer est ton miroir ;
tu contemples ton âmeDans le déroulement
infini de sa lame,Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger
au sein de ton image ;Tu l'embrasses des yeux
et des bras, et ton cœurSe distrait quelquefois
de sa propre rumeurAu bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux
ténébreux et discrets :Homme, nul n'a sondé le
fond de tes abîmes,O mer, nul ne connaît
tes richesses intimes,Tant vous êtes jaloux
de garder vos secrets !Et cependant voilà des
siècles innombrablesQue vous vous combattez
sans pitié ni remord,Tellement vous aimez le
carnage et la mort,O lutteurs éternels, ô
frères implacables
votre commentaire -
Rien ne guérit ou
rafraîchit l'âme autant que la nature.À la lumière d'une telle
beauté,les problèmes du monde
semblentmoins lourds.La souffrance et la
dépression, la pauvreté, la misèresont soulagées lorsqu'on
est face à la majesté de la nature.L'âme fatiguée prend son
envolcomme un aigle et
communie avec tout ce qui vit.Aide-moi à me souvenir
si seulement je veux
bien la chercher.
votre commentaire -
Lorsque la nuit fut
noire,que le sommeil euût
raison de ce qui est,je quittai mon lit
et me dirigeai vers la
mer,car elle ne dort
jamais,elle console les
esprits qui veillent.J'atteignis la plage
tandis que la brumedescendait de la
montagne et voilait la plaine.Au bout d'un moment,
je remarquai trois
fantômes sur un rocher.Attiré par une force
mystérieuse,je me dirigeai vers
eux.A quelques pas je
m'arrêtai, l'âme et l'esprit en emoi.Un fantôme se leva, et,
d'une voix profonde, déclara:La vie sans amour est
un arbre sans fleur,L'amour sans beauté est
une fleur sans parfum,La Vie, l'Amour et la
Beauté sont une trinité divine,formant une unité
indivisible et constante.Il se rassit, et le
deuxième fantôme prit la paroled'une voix limpide:
La vie sans révolte
est comme les saisons
sans printemps,la révolte sans justice
est le printemps sans
fleur,La vie, la Révolte et
la Justice sont une trinité divine,une unité indivisible
et constante.Il reprit sa place,
puis le troisième fantômedéclama d'une voix
tonnante:La vie sans liberté est
un corps sans âme,La liberté sans esprit
est une âme embrouillée,La Vie, la Liberté et
l'Esprit sont une trinité divine,formant une unité
indivisible et constante.Le silence se fit,
suivi d'un bruissement d'ailes,et puis plus rien.
votre commentaire -
Vous serez vraiment
libresnon pas lorsque vos
jours seront sans souciset vos nuits sans désir
ni peine,mais plutôt lorsque
votre vie sere enrobée de toutes ces choseset que vous vous
élèverez au-dessus d'elles,nus et sans entraves.
Et comment vous
élèverez-vous au-dessusde vos jours et de vos
nuitssinon brisant les
chaînes qu'à l'aube de votre intelligencevous avez nouées autour de votre heure de
midi?En vérité, ce que vous
appelez libertéest la plus solide de
ces chaînes,même si ses maillons
brillent au soleil et vous aveuglent.Et qu'est-ce sinon des
fragments de votre propre moique vous voudriez
écarter pour devenir libres?Si c'est une loi
injuste que vous voulez abolir,cette loi a été écrite
de votre propre main sur votre front.Vous ne pourrez pas
l'effacer en brûlant vos livres de loisni en lavant les fronts
de vos juges,quand bien même vous y
déverseriez la mer.Et si c'est un despote
que vous voulez détrôner,veillez d'abord à ce
que son trôneérigé en vous soit
détruit.Car comment le tyran
pourrait-il dominer l'homme libre et fiersi dans sa liberté ne
se trouvait une tyrannieet dans sa fierté, un
déshonneurEt si c'est une
inquiétudedont vous voulez vous
délivrer,cette inquiétude a été
choisie par vousplutôt qu'imposée à
vous.Et si c'est une crainte
que vous voulez
dissiper,le siège de cette
crainte est dans votre coeur,et non pas dans la main
que vous craignez.En vérité, toutes ces
choses se meuvent en votre êtredans une perpétuelle et
demi-étreinte,ce que vous craignez et
ce que vous désirez,ce qui vous répugne et
ce que vous aimez,ce que vous recherchez
et ce que vous voudriez fuir.Ces choses se meuvent
en vous comme des lumièreset des ombres attachées
deux à deux.Et quand une ombre
faiblit et disparaît,la lumière qui subsiste
devient l'ombre d'une
autre lumière.Ainsi en est-il de
votre liberté qui,quand elle perd ses
chaînes,devient elle-même les
chaînes d'une libertéplus grande encore.
votre commentaire